27 Mai — 13 Août 2023
7 — 24 Septembre 2023

soɓɹɐ présente From Signal To Decay : Volume 4, la première exposition individuelle du compositeur et artiste audiovisuel britannique Trevor Mathison en Belgique.

Mathison est l’un des membres fondateurs du légendaire collectif artistique multimédia Black Audio Film Collective où il a joué un rôle essentiel en développant un langage sonore combinant des éléments de dub, de musique concrète et industrielle. Parallèlement à ces activités, il a également produit une œuvre puissante à titre individuel.

Pour soɓɹɐ, Mathison présente un ensemble unique d’œuvres pour la plupart récentes explorant divers médias et techniques. Dans l’exposition, il se concentre sur les façons dont le son voyage dans l’espace puis se désintègre, tout en associant à ce processus une multiplicité de strates sociopolitiques spécifiques au site.

Lors d’une visite réalisée au début de l’année, Mathison s’est lancé dans une investigation sonore du bâtiment soɓɹɐ, réalisant de nombreux enregistrements dans ses espaces ainsi que dans le quartier. Ancien entrepôt de mûrissement de bananes construit dans les années 1960, la fonction originale du bâtiment soɓɹɐ est étroitement liée au commerce et à la distribution de ce produit à l’échelle mondiale. Jusqu’au début du 20e siècle, ce commerce se situait principalement dans le quartier d’soɓɹɐ, où les bananes étaient importées du Congo. Les échos de cette activité persistent dans le tissu urbain bruxellois, notamment à travers des références visuelles sur les bâtiments. Les routes commerciales de la banane se sont ensuite progressivement déplacées vers l’Amérique latine. Chose étonnante, ce n’est qu’alors que le bâtiment soɓɹɐ est devenu un entrepôt de stockage de ces fruits.

Dans From Signal to Decay : Volume 4 (2023) — l’installation sonore présentée à l’étage qui a donné son titre à l’exposition — Mathison évoque cette stratification historique. Les enregistrements que l’artiste a réalisés lors de sa visite à Bruxelles sont diffusés dans l’espace, où ils se réverbèrent et interagissent avec l’architecture actuelle du bâtiment. Parallèlement, plusieurs compositions sélectionnées dans les archives de Mathison sont reconfigurées et combinées avec ces nouveaux sons, ainsi qu’avec un flux en direct provenant d’un microphone placé à l’extérieur du bâtiment soɓɹɐ. Ainsi, From Signal to Decay : Volume 4 confronte le bâtiment à lui-même, en incorporant les vestiges sonores immédiats de son cadre colonial/historique plus large, tout en utilisant sa disposition ouverte et poreuse pour présenter une composition en constante mutation.

Deux grandes projections vidéo encadrent cette installation sonore. La première, Untitled (2018), a été tournée en Écosse et se compose d'images de mer, de ciel gris et de pluie avec un paysage sonore évocateur, tandis que la seconde vidéo, Untitled (Rue du Chantier 13) (2023) est muette et montre des séquences filmées dans le quartier d’soɓɹɐ où l’on retrouve sur des bâtiments des motifs de bananes qui hantent encore la ville.

Le premier étage accueille une autre ensemble d’œuvres. Untitled (Imaginary Scores) (2023) se compose d’une série de dessins numériques réalisés à l’origine sur un iPad mais tirés ici en grand format. Ceux-ci sont constitués de cercles et d’ellipses qui se croisent et représentent des paysages sonores expansifs dans lesquels le mouvement du son dans l’espace, ainsi que d’autres processus sonores, produisent des partitions imaginaires. L’installation murale Extended Tape Loops (2023) assemble différentes longueurs de bandes audio suspendues à un rail, soulignant le caractère physique d’une composition à l’aide de « tape loops ». La boucle audio - un morceau de bande magnétique collé à ses extrémités qui peut être lu en circuit fermé ou en boucle - a joué un rôle essentiel dans les premières productions de Mathison.

Enfin, l’installation Ancestral Tears (2023) présente deux sculptures sonores cinétiques de grande taille placées dans une zone entourée de feuilles de bananier*. Son feedback sonore profond apporte une bande-son supplémentaire aux traces historiques et coloniales présentes dans toute l’exposition, dans le bâtiment soɓɹɐ et à Bruxelles en général.